dimanche 10 novembre 2013

Inégalités dans le monde du travail

Il est de coutume d'accepter l'idée que les salaires des femmes sont inférieurs à ceux des hommes. Mais aucune étude sérieuse n'a pu l'établir, car aucune ne tient compte de ceci :
  • De nombreuses professions sont encore quasi-exclusivement masculines ; est-il objectif de comparer le salaire d'une comptable et celui d'un éboueur, celui d'une caissière et d'un égoutier, celui d'une secrétaire et d'un mineur, celui d'une avocate et d'un pilote de ligne ?
  • De nombreux corps de métier sont délaissés par les femmes ; il y a évidemment les plus pénibles (qui ne sont pas forcément les plus physiques) : égoutier, éboueur, travaux publics, voirie, mineur, pêche en mer, plateformes pétrolières... mais aussi des métiers à niveau de risque ou de responsabilité élevé : pilote de ligne, cardiologue, anesthésiste, maintenance des lignes à haute tension... Tous ces métiers sont indispensables au fonctionnement de la société, et il est dommage que la représentativité des femmes y soit quasiment nulle ;
  • L'homme est encore coincé dans son rôle archaïque de pourvoyeur-protecteur, il doit faire carrière, se battre pour un meilleur salaire, une place plus élevée dans la hiérarchie, et c'est rarement sa compagne qui lui propose de lever le pied, travailler moins, ramener moins d'argent et passer à temps partiel pour rester à la maison et s'occuper des enfants ;
  • Les hommes vivent en moyenne 7 ans de moins que les femmes ; l'une des raisons est que la majorité des travaux pénibles incombe aux hommes, bien malgré eux d'ailleurs car c'est un héritage de leur rôle archaïque de pourvoyeur-protecteur. Les hommes n'ont pas choisi d'assumer ces travaux pénibles, mais ils en supportent les conséquences. En outre, la conséquence aussi malheureuse que cynique est qu'ils bénéficient d'une retraite plus courte à cotisation égale ; alors... parité ?
  • Depuis les années 60, la société a vu des femmes descendre dans la rue et manifester contre leur statut de femme au foyer ou de mère de famille : mon ventre m'appartient, nous ne sommes pas vos bonniches, nous ne sommes pas qu'un utérus, marre de pondre. Les hommes ont-ils cette possibilité de descendre dans la rue en scandant nous ne voulons plus nettoyer vos égouts, réparer vos routes et vos voitures, notre argent nous appartient, nous ne sommes pas vos banquiers, nous ne sommes pas que des testicules, marre de piloter des trains, avions et bateaux ?
Nous sommes encore très loin d'un monde où les femmes accepteront de construire des maisons, entretenir des routes, vidanger les voitures, réparer les lignes à haute tension, braver les tempêtes pour ramener du poisson, patauger entre rats et excréments pour récurer les égouts... On parle toujours de l'égalité des salaires mais on oublie ce paramètre : l'égalité des choix du métier, et sa pénibilité.

Beaucoup trop de métiers pénibles sont encore dédaignés par les femmes, alors qu'on trouve normal qu'ils soient faits par des hommes. A quel titre les considère-t-on comme masculins ? A l'inverse, regardez autour de vous, vous verrez beaucoup d'hommes dans des métiers considérés comme féminins : entretien et nettoyage, aides-soignants, infirmiers, couturiers, standardistes, réceptionnistes... Bref, les hommes sont présents dans beaucoup plus de corps de métier que les femmes. Les études comparatives sur les salaires hommes-femmes ignorent ce paramètre pourtant fondamental, ce qui rend incohérent tout comparatif global des salaires.

Certain(e)s pensent "Mais on ne peut tout de même pas envoyer les femmes nettoyer les égouts !". Aucune loi ne l'interdit (ce serait d'ailleurs une loi sexiste et discriminatoire). Et peut-on envisager la parité tout en s'accrochant au modèle archaïque des métiers réservés aux hommes ? Pourquoi ne pas s'approcher d'un 50-50 dans ce domaine, et tous les autres d'ailleurs, assorti évidemment d'un 50-50 dans les salaires.

Serait-il juste que le 50-50 s'applique aux métiers d'argent et de pouvoir, mais pas aux professions pénibles ? Un monde avec 50% de femmes parmi les PDG, députés, ministres, banquiers, mais 99,99% d'hommes parmi les éboueurs, égoutiers, mineurs, garagistes, tourneurs-fraiseurs, serait-il vraiment paritaire ?

En attendant d'arriver à cet équilibre, on est en droit de remettre en cause le calcul des inégalités de salaire présentant les femmes comme sous-payées, partant du principe que le calcul est biaisé, et que les hommes assument les métiers les plus pénibles, dangereux, voire mortels, et ce, dans une proportion à leur très net désavantage.

Du reste, le prétendu constat que les femmes sont moins payées que les hommes résiste mal à un argument bassement pragmatique : si les femmes sont moins payées, pourquoi les employeurs n'embauchent-ils pas de préférence des femmes ? Tout lecteur s'étant confronté au monde du travail aura pu noter que la question des salaires est primordiale, et à toute étape de la carrière professionnelle. Lorsque "à formation et compétences égales" un employeur doit choisir entre plusieurs candidats, le salaire demandé est un critère hautement important dans sa sélection. Par conséquent, les femmes trouveraient plus facilement un emploi que les hommes, et par un mécanisme économique qui n'a rien d'original, les salaires des hommes seraient tirés vers le bas. Ce qui serait, là encore, à l'avantage des entreprises. Alors... comment se fait-il que les entreprises, malgré ce double avantage (embauche féminine moins coûteuse, puis nivellement vers le bas des salaires masculins) qui leur permettrait très rapidement de diminuer leur masse salariale entre 15% et 35% (selon les taux de disparités invoqués par les "études de salaires"), ne se ruent pas vers ce filon ?

Les études sur la parité avancent souvent que c'est par un conditionnement que les femmes sont orientées vers une vie familiale, qu'elles sont dévalorisées dans le monde du travail... bref, là encore, nous avons les victimes... et les bourreaux ! Mais cet argumentaire sur le conditionnement se tire dans le pied puisque, les femmes étant plus impliquées dans la vie de famille, donc l'éducation des enfants, elle participent logiquement plus à ce conditionnement...